samedi 18 octobre 2014

Familles, Evangile et cultures dans un monde en mutation

(c) CSG
Le matin, nous sommes accueillis au sortir du Bungalow par des fleurs éclatantes de couleur et les cris des oiseaux dans la lumière naissante. Accompagnés par la louange de la création, une bonne façon de commencer la journée !

Mercredi 15, nous avons vécu les passages obligés de toute assemblée générale : message du président, rapport d’activité (sans compter l’adoption du PV, les comptes…).

Thierry Mulbach (président de la Cevaa) a articulé son message autour d’Hébreux 13, dont il a dégagé 3 thèmes : la reconnaissance, le fait de ne pas être « installés » et la solidarité. La reconnaissance est à la fois gratitude à Dieu de ce qui nous est donné de vivre ensemble et reconnaissance du fait que nous avons besoin les uns des autres. La non-installation (voir He 13.14) renvoie au fait que l’Evangile interroge et remet en cause notre culture, nos modes de gouvernance et nos (fausses-) sécurités. Elle renvoie à la dynamique de l’Evangile qui nous appelle à bouger, à être déplacés. La solidarité vient de notre conscience que nous avons besoin les uns des autres : Dieu nous parle à travers eux, ils nous aident à changer notre regard. Mais cela demande de l’humilité et n’empêche pas les difficultés de compréhension. Dans la vie de notre communauté (puisque la Cevaa est une communauté d’Eglises en mission), nous sommes appelés à prendre soin les uns des autres.

Le rapport d’activité sera disponible (l’est peut-être déjà, je n’ai pas vérifié) sur le site de la Cevaa, mais j’en ai retenu les 3 perspectives : Plus de communautaire et un communautaire plus équilibré, Priorité donnée à la jeunesse et à la formation des femmes et Plus d’équilibre entre les différents projets pour que toutes les Eglises participent à tout. Plus généralement, la force du travail en réseau a été soulignée.

La journée s’est close avec une rencontre de femmes. J’ai encore une fois mesuré la chance que j’ai d’être à la fois femme et – de 35 ans et en position de responsabilité de mon Eglise, ce qui est plutôt rare, la plupart des délégations étant composées d’un président ou leader d’Eglise (homme, d’un certain âge) accompagné d’une femme ou d’un jeune. 

Jeudi 16 a été consacré au thème de l’assemblée : « Familles, Evangile et cultures dans un monde en mutation », à l’exception d’une séance sur la nouvelle brochure d’animation théologique. La matinée a été animée par les deux intervenantes : Irène Amenyah Sarr, sénégalaise, psychologue et pédagogue, et Katharina Schächl, théologienne de l’EPUdF.

Enno Strobel avec Irène Aminiasah et Katharina Schächl (c) CSG
Mme Amenyah Sarr a présenté une approche plus « développementale », axée sur les questions de transmission. Elle nous a rappelé que le « modèle familial idéal » (papa, maman, 2 enfants : une fille et un garçon) n’est qu’un idéal-type. Elle a ensuite parlé de la construction de l’identité et des différents axes de développement personnel. Elle s’est focalisée sur les axes social, moral et identitaire, dans lesquels la famille joue un rôle essentiel, en particulier en termes de valeurs et de références sociales. La famille est une composante essentielle de la culture.

L’intervenante a souligné la nécessité de l’accompagnement des familles (pas pour les couler dans un moule mais pour les aider à remplir leur mission de transmission et d’être un lieu d’épanouissement des enfants en croissance). Elle a enfin parlé de l’inter-culturalité et du rôle à la fois de décryptage et d’accompagnement des jeunes confrontés à d’autres cultures pour développer le vivre-ensemble.  Dans sa conclusion, elle a appelé les Eglises au rapprochement, à l’interaction et l’intégration, avec les familles et les cultures, au nom de l’Evangile. Nous pouvons nous ouvrir pour être des Eglises fortes, vivantes et intergénérationnelles.

Katharina Schächl a commencé par souligner que le synode sur la famille qui se tient en ce moment au Vatican montre que nous ne sommes pas les seuls à réfléchir sur cette thématique complexe et difficile. Elle est difficile à cause des changements rapides dans nos contextes, nos sociétés qui nous déstabilisent et face auxquelles nous avons le réflexe de chercher des repères où nous raccrocher ; à cause de la façon dont elle touche à notre intimité et notre identité ; et parce qu’on ne peut pas se placer en dehors de la problématique. Nous devons faire attention, quand nous nous exprimons sur le sujet, au risque de blesser l’autre.

Au lieu de donner des réponses préformatées face aux situations rencontrées, Mme Schächl nous a invités à interroger notre rapport aux écritures (est-ce que je les lis pour trouver une morale, des repères, l’accompagnement et la présence bienveillante de Dieu ?), notre compréhension de l’Evangile (le « cri de la grâce et de la miséricorde de Dieu » selon Luther, une parole de libération en chair et en os), notre rôle de témoins de l’Evangile (l’Evangile vient d’un Autre, mais je peux en devenir le témoin pour d’autres, car il s’incarne ; je peux proposer une éthique que ne soit pas une « morale », mais une perspective de vie pour que la promesse de Dieu ne soit pas entravée).

Il n’y a pas de réponse unique ni de recette simple face aux familles et aux cultures, même à la lumière de l’Evangile. Mais nous sommes appelés à offrir une oreille, à annoncer une parole qui relève et qui guérit. Et à partager la confiance.  

Même si l’homosexualité et les questions de « normalité » ont été beaucoup évoquées dans la discussion et les temps de travail de groupe qui ont suivi, j’ai trouvé que les débats étaient respectueux et les attitudes attentives.

Le soir, nous avons eu droit à une initiation à la brochure d’animation théologique nouvelle version. Même si j’aurais aimé que sur certaines fiches les objectifs de l’animation et les convictions de la Cevaa soient différentiés dans les « objectifs » affichés, avec un peu d’adaptation contextuelle, ces animations sont un bon outil – sans être révolutionnaire – utilisable en France et en francophonie.


Claire Sixt Gateuille

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