lundi 6 juillet 2015

Connaissez-vous Jan Hus ?

(c) BNF (site gallica.bnf.fr)
Traduire la Bible et prêcher dans la langue du peuple, combattre les indulgences, prêcher la réforme de l’Église et la séparation du spirituel et du temporel. Vous pensez que ces principes sont ceux de Martin Luther ? C'était déjà ceux de Jean Hus, "réformateur avant la Réforme", brûlé vif le 6 juillet 1415, soit il y a précisément 600 ans. 

Dans une époque troublée, qui voyait la papauté se diviser entre Rome et Avignon, et les prétendants au trône du saint empire romain germanique rivaliser de manœuvres politiques, Jan Hus, d'origine modeste devenu prédicateur à la chapelle de Bethléem à Prague, où la prédication se faisait en langue tchèque, puis recteur de l'université de Prague, n'hésita pas à défier autorités temporelles et ecclésiastiques au nom de sa lecture des saintes écritures.

Il avait étudié les écrits de John Wyclif (1331-1384), et adhérait aux souhaits de celui-ci de réorganiser l’Église et d'améliorer la moralité de ses serviteurs. Il critiquait en particulier l'accumulation de richesses par certains prélats. Il cherchait à faire de la Bible la source du comportement moral des gens (et non l'enseignement de l’Église), aussi voulait-il qu'elle fut accessible en langue du peuple, à tous.

L'opposition entre Jan Hus et l'Archevêque de Prague puis sa condamnation des indulgences papales aboutit à ce que Prague soit placée "sous interdit" (aucun sacrement ne pouvait y être pratiqué). Hus s'exila alors "à la campagne", où il prêcha et écrit beaucoup, en particulier son traité De ecclesia qui reprend ses principaux enseignements.

Il décida de se rendre au concile de Constance en 1414. On le somma de se rétracter, ce qu'il refusa. Il fut condamné pour hérésie et brûlé en le 6 juillet 1415. Sa mort provoqua une révolte en Tchéquie et son enseignement donna naissance à un mouvement dont sont issues l’Église hussite et l’Église évangélique des frères tchèques.

Jan Hus est aujourd'hui devenu une figure nationale en République tchèque, symbole de la souveraineté nationale et de la résistance aux puissances étrangères qui voudraient s'ingérer dans les affaires du pays. Mais au delà de cet aspect politique, son combat spirituel est peu mis en valeur dans un pays dont la population de non-croyants est l'une des plus importantes d'Europe (46% des personnes se déclarent non-croyantes). 

Aujourd'hui, Église Hussite et Église évangélique des Frères tchèques sont rassemblés à Prague pour commémorer ce martyre qui eut lieu il y a 600 ans.

Célébrations œcuméniques, musique, expositions, conférences historiques et théologiques, réceptions sont au programme, et pour les invités étrangers, un peu de tourisme (visite de la ville).

Claire Sixt Gateuille

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