mercredi 1 juillet 2015

Etre dans la main de Dieu

« Abaissez-vous donc sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève en temps voulu. Déchargez-vous sur lui de toutes vos inquiétudes, car il prend soin de vous. » 1 Pi 5.6-7

(c) Ecole St Joseph de Ploubalay
J’aime depuis longtemps cette expression « être dans la main de Dieu ». On trouve des références à la main de Dieu dans certains cantiques (Prends ma main dans la tienne, J’ai tout remis entre tes mains, Jésus, prends-moi par la main…), où elles évoquent la confiance, le « lâcher-prise », l’abandon de la préoccupation de soi pour se consacrer au chemin que Dieu trace devant nos pas, à la mission qu’il nous confie, à la vocation qu’il a fait naître en nous (vocation qui n’est pas forcément pastorale mais partagée par tous les chrétiens, avec des talents spécifiques confiés à chacun). Ces chants qui m’accompagnent depuis l’enfance sont certainement en partie responsables de la façon dont je me suis appropriée cette expression.

Mais je ne m’étais jamais posée la question de son origine biblique… Ayant besoin de prendre un peu plus de temps pour moi que prévu cette semaine, je me suis donc penchée sur cette expression de main de Dieu.
Dans le premier testament, on la trouve en Nombres 11, Esaïe 50 et 59 et Chroniques 29. Toutes ces références sont des références à la puissance ou au fait de pouvoir, à la capacité de Dieu, ainsi qu’au fait que tout nous vient de lui. Les deux premières apparaissent sous forme d’interrogation, la confiance du croyant est questionnée : « Ma main est-elle trop courte pour … » nourrir, libérer, sauver ? Et la troisième est la réponse à ces interrogations : « Non, la main du Seigneur n’est pas trop courte pour sauver » (Es 59.1).

Notre Dieu est un Dieu qui nous accompagne dans le doute, qui prend au sérieux tous nos questionnements, nos manques de confiance, et même notre révolte (on sent la colère de Moïse qui a l’impression d’être pris entre le marteau et l’enclume, entre le peuple qui gronde et Dieu qui tient ferme) et nous laisse le temps de les exprimer. Notre Dieu est un Dieu devant qui l’on peut pleurer, crier, ou se taire pour mieux digérer. Il ne nous demande pas d’être tout le temps dans la performance, même pas dans la performance spirituelle. Il se tient là, à nos côtés. Il interroge notre doute, mais nous donne l’espace pour l’exprimer, pour l’assumer et pouvoir ensuite le dépasser. Il prend en compte l’épaisseur et la complexité humaine.

(c) CSG
Le nouveau testament reste dans le registre du pouvoir dans ces deux sens (comme puissance et comme possibilité ouverte), la lettre aux Hébreux y rajoute une dimension de jugement (Hb 10.31), mais le passage qui offre une ouverture nouvelle (pour moi équivalente à la forme interrogative vue en Nb et Es) à l’image de la main de Dieu, c’est celui de 1 Pierre 5.6-7 (vous pouvez le relire en italique au début de ce billet). Le premier de ces deux versets est la référence classique à la main de Dieu comme signe, métaphore de sa puissance.

Mais la suite lui donne une coloration particulière : Cette affirmation de puissance n’est pas une invitation à chercher protection du côté du fort, du puissant comme dans un système féodal (où l’on finit par vouloir soit même en dominer d'autres, ce que le verset 3 réfute explicitement), ou comme nous avons tous tendance à le faire dans les situations complexes de conflit ou de rapports de forces. C’est une invitation à lâcher prise, à s’abandonner à Dieu, à lui faire confiance pour mieux vivre notre situation, quelle qu’elle soit, parce que Dieu en devient un acteur majeur – même invisible.

Être dans la main de Dieu, c’est lui confier la réussite (ou l’échec) de nos projets ; c’est ne pas compter sur nos propres forces, tout en sachant que Dieu compte sur nous... Être dans la main de Dieu, c’est lui confier toute notre vie, ce que nous faisons, mais aussi qui nous sommes et ce qui nous arrive, car il prend soin de nous. Une invitation à l’humilité, au lâcher prise et à la confiance….
Une belle façon d’entrer dans l’été, non ? 

Claire Sixt Gateuille

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